RdC était partenaire de Etopia pour les Rencontres de l’Ecologie Politique ! Nous avons accueilli Hervé Kempf, auteur de plusieurs essais décapants dont « Comment les riches détruisent la planète » (Points Terre, 2020) et « Tout est prêt pour que tout empire » (Seuil, 2017).
Hervé Kempf, rédacteur en chef de Reporterre, le quotidien de l’écologie, présente dans cette conférence son nouvel ouvrage, sorti en septembre 2020, "Que crève le capitalisme" ! Ce livre est à la croisée de la lutte anti-capitaliste et de l’écologie. Il y parle notamment de crise des services publics de santé, de destruction des écosystèmes, d’inégalités… et de capitalisme vacillant !
Vous pouvez revivre la conférence en ligne par ici :
https://www.facebook.com/103993246355647/videos/396446154851725
Pour en savoir plus sur le livre et l’auteur :
https://hervekempf.net/Que-creve-le-capitalisme
La catastrophe écologique est enclenchée, la crise du coronavirus a fracturé le monde entier. Un responsable : le capitalisme, alias le néo-libéralisme. En saccageant le service public de la santé, il a transformé un épisode grave mais gérable en désastre. En poursuivant la destruction des écosystèmes, il a mis en contact des virus mortels avec la population humaine. En aggravant les inégalités, il a plongé des dizaines de millions de personnes dans la misère.
Le gong avait pourtant déjà retenti lors de la crise financière de 2008. Mais les capitalistes n’en ont pas tenu compte et ont rebâti le système sur les mêmes principes, portés par un espoir encore plus cynique : celui de quitter le navire à temps en misant sur une idéologie techniciste faite d’intelligence artificielle et de numérisation généralisée.
Accepter l’apartheid climatique ?
Après la crise de 2008-2009, causée par une spéculation insensée, le capitalisme aurait logiquement dû se réformer ou être réformé. Mais rien n’a changé. Au contraire, la spéculation a repris de plus belle, les banques n’ont guère été davantage contrôlées, l’inégalité est repartie à la hausse, l’écologie se dégrade toujours plus vite.
Pourquoi ?
Un système de domination ne peut pas se maintenir s’il n’a pas une vision de l’avenir. Les capitalistes se sont ré-armés idéologiquement, se forgeant un nouveau paradigme – favorisé par une percée en intelligence artificielle, le deep learning, arrivée à maturité en 2010, et dont se sont saisies tout de suite les GAFAM et autres firmes. Dans cette optique, la technologie, en développement rapide, est la clé de l’avenir de l’humanité ; on est engagé dans la « quatrième révolution industrielle ». Par l’intelligence artificielle, les capitalistes veulent aller vers l’hybridation avec la machine, le vieillissement étant repoussé, l’immortalité devenant imaginable. Tout le monde ne pourra accéder à cet état nouveau : il y aura selon les propres termes des idéologues du caitalisme les « castes inférieures », livrées au chômage créé par l’intelligence artificielle et à la détresse provoquée par la catastrophe écologique, et « une élite privilégiée ». Cette vision du monde conduit à l’apartheid climatique – et l’assume.
Il est aujourd’hui urgent de considérer cette oligarchie pour ce qu’elle est : une caste criminelle. On ne la convaincra pas, on la contraindra. Des stratégies de résistance sont nécessaires, possibles et nombreuses. Cet ouvrage est un appel à dépasser le fatalisme et à entrer en lutte.
Car le capitalisme vacille. Et c’est tant mieux : il est temps que s’ouvre le monde nouveau.